17 juillet 2024
L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans l’industrie est mise en avant dans le monde entier en tant que précurseur d’innovations futures et de gains d’efficacité. En Suisse, cependant, l’adoption de l’IA dans le secteur de la tech reste en deçà des attentes, en particulier dans le secteur de la production, comme le montre une étude récente de l’ETH Zurich. Ce décalage entre l’engouement médiatique et la réalité est mis en évidence par une enquête menée, en collaboration avec Swissmem et Next Industries, auprès de plus de 200 entreprises tech suisses.
L’étude, dirigée par le professeur Torbjørn Netland de l’ETH Zurich, montre que l’intelligence artificielle ne s’est implantée jusqu’à présent que lentement dans l’industrie tech suisse. Bien que l’IA soit utilisée avec succès dans différents secteurs industriels tels que l’industrie pharmaceutique et des biens de consommation, son application dans le secteur de la fabrication est à la traîne. Seules 10% des entreprises interrogées mènent actuellement des projets pilotes, tandis que plus de la moitié n’ont même pas encore envisagé d’utiliser l’IA dans la production. Les raisons : souvent un manque de savoir-faire et des ressources limitées, en particulier pour les entreprises les plus petites et les moins rentables.
Malgré ces résultats décevants, l’étude révèle également des projets d’avenir ambitieux : environ 16% des entreprises prévoient d’utiliser l’IA à grande échelle et 22% souhaitent lancer des projets pilotes. Dans d’autres domaines tels que la recherche et développement et le service client, les projets pilotes sont déjà plus avancés, en raison de données plus facilement disponibles et du potentiel des applications d’IA générative.
L’amélioration de l’efficacité constitue l’un des principaux moteurs de l’utilisation de l’IA dans les entreprises suisses. Parallèlement, il apparaît que les entreprises qui ont déjà mis en œuvre l’IA obtiennent majoritairement des résultats positifs et sont satisfaites des gains de productivité. L’étude souligne toutefois la nécessité d’une stratégie cohérente en matière d’IA et du développement d’un savoir-faire interne afin d’exploiter pleinement le potentiel de la technologie.
Les résultats montrent que malgré l’engouement pour l’IA, le secteur tech suisse a encore beaucoup de retard à rattraper. Le professeur Netland ne voit toutefois aucune raison de s’inquiéter d’un potentiel retard de la Suisse par rapport aux autres pays. La qualité de l’enseignement et l’accès à la main-d’œuvre qualifiée offrent de bonnes conditions pour relever les défis et renforcer la capacité d’innovation du secteur.
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